Port-Réal ; An 299, Mois 3 ♛ La tête à présent desséchée par  le soleil de l’été d’Eddard Stark trônait toujours au plus haut des remparts du Donjon Rouge, comme un avertissement silencieux à la magnanimité du roi Joffrey – Non, cela n’était pas totalement vrai. Cersei avait tout simplement été incapable de le convaincre de la retirer de là -. Sansa, la colombe, devait être présentement dans sa chambre – en train de coudre, de penser, d’être effrayée ou de s’adonner à n’importe quel passe-temps discret et silencieux que l’on apprenait aux jeunes filles de la noblesses pour qu’elles ne se fassent pas remarquer et ne fassent pas un pas de travers – Cersei avait toujours détesté au plus profond d’elle-même cette discipline. La même qu’elle enseignait à Myrcella -. Et puis, il y avait Arya – Arya qui avait disparu, Arya qui aurait pu servir à la lionne comme monnaie d’échange ou otage de choix – Et elle lui avait filé entre les doigts, comme si la garde royale n’était faite que d’incapables depuis que ni Jaime ni Barristan Selmy n’étaient présents dans ses rangs. Le pire était que tout ceci ne consistait que de la somme de détails – détails après minutieux détails, chargés de rappeler à Cersei Lannister une seule et même vérité. Des trois seuls Stark qu’elle avait en son pouvoir, l’un était mort, le troisième avait disparu et le deuxième était d’une platitude inutile. Le Nord était en guerre contre la couronne, son père tentait de réparer les erreurs commises – Amèrement, Cersei se rendit compte qu’elle était certaine qu’elle en entendrait parler durant longtemps -, Jaime était absent – entre les mains abjectes des loups – et Tyrion… Tyrion était probablement celui à cause de qui tout ceci avait commencé. Sa visite au Mur avait tout intérêt à avoir été passionnante, bien que cela ne serait que piètre excuse pour le conflit qui faisait rage. Il valait probablement mieux qu’il ne soit pas là. Cersei pouvait déjà s’imaginer le sourire ironique qui aurait fendu son visage, en ce moment présent.

La reine retînt un soupire, massa douloureusement sa tempe droite en fermant les yeux quelques secondes avant de se replonger dans la lecture d’un énième plan financier, revu à cause du conflit qui n’était pourtant pas encore arrivé à leur porte. Et puis, Cersei se souvînt que si Robb Stark n’arrivait pas en premier, alors ce serait Stannis, ou Renly, ou n’importe quel autre crétin ayant décidé de se proclamer Roi des Sept Royaumes – Elle s’attendrait presque à ce que le petit Robert Arryn vienne frapper au pont-levis du Donjon Rouge en réclamant ‘ce qui lui revenait de droit’. Le plus ironique, dans tout cela, était que Cersei venait sérieusement de considérer qu’il vaudrait mieux pour leur économie et leurs ressources qu’il vaudrait mieux une attaque de l’héritier Arryn plutôt que d’aucun de leurs autres adversaires connus. Posant la feuille sur l’immense table de bois étendue devant elle, Cersei jeta un rapide coup d’œil par la fenêtre de la pièce. Aux vues des rayons du soleil perçant les fenêtres de la pièce, la lionne supposait qu’il devait être temps pour elle de rejoindre le conseil restreint – et, accessoirement, revoir les plans financiers qu’elle venait d’inspecter – et d’éviter une audience que l’on avait promis à la Garde de Nuit – Cersei ne se souvenait pas avoir donner un quelconque accord là-dessus. Elle se doutait de leur venu, bien sûr – Qui ils avaient envoyé n’avait guère d’importance, puisque la blonde avait toujours interprété la Garde comme ne parlant que d’une même voix -, cela dit,  accorder une poignée d’hommes supplémentaires en les invitants à choisir des prisonniers semblait le genre de tâche avec peu de possibilité d’être vouée à l’échec – Parfaite, donc, pour laisser au Roi Joffrey depuis le scandale qu’avait été l’exécution de Ned Stark pendant qu’elle allait parler d’économie. Rassemblant le parchemin, la Reine sortit – une partie de la Garde Royale derrière elle -, en direction de la salle où se réunissait le conseil restreint lorsqu’il y avait Cour ou audiences. C’est en marchant dans un de ces couloirs qu’elle aperçut du coin de l’œil une armure d’un noir intense, facilement remarquable, et ne pût s’empêcher un haussement de sourcil.  

« Combien en avez-vous pris, aujourd’hui, frère juré ? » Demanda-t-elle en guise de salutation et, principalement, pas réelle curiosité envers le sujet. Le nombre de volontaires préférant le mur à leur vie à Port-Réal était, en fin de compte, probablement l’un des seuls indicateurs qui ne mentirait pas sur les opinions et options du peuple.  

Port-Réal ; An 299, Mois 3 ♛ Il y avait quelque chose d’affreusement satisfaisant à l’idée que, même à présent, les prisonniers puissent préférer la sécurité des murs suintant l’humidité et l’insalubrité des cachots et prisons de la ville plutôt que de partir au mur, garder fièrement une construction qui ne bougerait pas dans un froid si glacial que sa simple existence aurait pu faire frissonner la reine. Cersei se souvenait du Nord – Elle se souvenait des fourrures sous lesquelles elle s’était glissée à la première occasion, de l’affront de plus que Robert lui avait fait en exigeant voir Lyanna Stark à peine eut-il descendu de cheval, du garçon tombant du haut de la tour, de ce frère juré à la morphologie trop fine – trop définie – pour sembler être un homme sous son armure, du vent mordant et du climat nettement moins clément que dans la capitale. Cersei Lannister n’éprouvait aucune affection pour le Nord. Savoir que le genre d’être humains peuplant Port-Réal était d’autant plus intéressé, vil et peu honorable que même les prisonniers – des hommes n’ayant plus de vie réellement à eux – étaient incapables d’un acte d’abnégation tel qu’aller garder un mur. Alors, les traits du visage de Cersei se tendirent dans un sourire sec, satisfait et masquant à peine les pensées qui lui traversaient l’esprit. Il valait après tout mieux aspirer à être craint qu’à être aimé lorsqu’on ne pouvait avoir les deux - et à être plus craint que ses ennemis. C’était une leçon bien apprise, que Cersei avait entendu depuis son plus jeune âge. Peut-être le peuple ne craignait pas assez la famille royale – cela n’avait, de toute évidence, pas été exactement le cas du temps de Robert I Barathéon -, mais il craignait une vie d’isolation au Mur plus que la possibilité que Port-Réal soit un jour mis à sac. « Bien. » Le mot échappa de ses lèvres rapidement, d’une manière tellement détachée qu’il ne ressemblait pas à une insulte – Ce n’en était pas vraiment une. Cependant, malgré les faits prouvant l’approche certaine de la fin du long été, la Reine doutait que l’efficacité de la Garde de Nuit doive être une de ses priorités. Pas pour l’instant. Pas tant que l’hiver n’était pas venu et que les Stark n’avaient pas vu leur devise prouvée correcte.

L’hiver vient. Ces mots semblaient dépourvus de force, de courage – l’énonciation d’une vérité certaine, quand bien même cette vérité était un mauvais présage. Des mots, au final, auxquels il valait mieux ne pas penser. Le sourire de Cersei s’étira un peu plus, forcé et dénué de réconfort ou de promesse que le Roi lui trouverait des hommes pour combattre à ses côtés – encore moins valide. Se débarrasser de ceux inaptes à combattre semblait être une initiative correcte, si elle n’était pas bonne. Seulement, pour une famille dont l’un des membres était nain, que la Reine envoit les infirmes mourir de froid au Mur serait probablement vu comme plus cruel que nécessaire – Et le but était d’être crainte et non détestée. « Je suis certaine que vous finirez par obtenir vos hommes, » commenta la blonde, « seulement, garantir de leur état ou de leur motivation à servir le royaume du haut d’un mur glacial serait de faux espoirs. » Aucune partie des paroles de Cersei n’avait été un mensonge – Si elles seraient vérités était une chose bien différente, obsolète dans le contexte présent.

Son sourire s’effaça de son visage plus lentement qu’il n’était venu, signe apparent que Cersei avait obtenu ce qu’elle souhaitait et donc, par extension, que ce semblant de conversation était terminé. Elle s’apprêtait à tourner les talons quand quelque chose sembla attiré son regard – Comme si, depuis qu’elle avait vu le frère juré en armure noire et scintillante, c’était pourtant la première fois qu’elle s’attardait véritablement sur son visage. C’était après tout le cas – Peu importait à quel point ses orbes vertes avaient pu être braquées sur le Corbeau, c’était ses paroles plus que son apparence qui avaient été l’important quelques instants auparavant. Ici, à Port-Réal – si loin du Mur, du froid et des problèmes du Nord -, un frère juré en valait un autre et ce quelle que soit sa position dans la Garde de Nuit. Seulement, si tel était réellement le cas, l’impression de familiarité avec le frère juré qui se tenait devant elle ne devrait pas avoir lieu d’être. « Dites-moi, frère juré – » Rappeler constamment ses vœux à un membre d’un quelconque Ordre semblait parfaitement ironique, cela lui rappelait Jaime. « - de quelle région venez-vous ? » Pas que cela soit d’une très grande indication. Malgré l’armure qui lui donnait une importance et gravité certaine, l’homme qu’il devait y avoir en dessous semblait trop jeune pour que cela ait une importance. Seulement, avouer une sensation de familiarité avec quelqu’un qui, en soit, pas quelque chose de fondamentalement royal.  

Port-Réal ; An 299, Mois 3 ♛ Le temps où les pauvres âmes désespérées se précipiteraient au Mur pour éviter les horreurs que l’on commettait ailleurs était donc soit révolu, soit encore qu’une lointaine possibilité – Aussi lointaine que Daenerys Targaryen traversant la mer accompagnée d’un peuple de Dothraki vomissant tripes et boyaux  pour suivre la reine qu’ils adulaient – la khaleesi, rien que le mot donnait à Cersei des envies de ricaner tant il était étranger, exotique, loin de tout ce que les Targaryen avaient un jour représentés. Robert avait été inquiet à propos de la fille Targaryen et bien que Cersei ait elle-même ses propres problèmes avec une lignée qui aurait probablement dû être éteinte proprement il y a des années de cela, ce qui venait du Mur était irrémédiablement plus proche, plus tangible, qu’une quelconque héritière perdue en Essos. Cersei pouvait comprendre les problèmes tangibles, elle pouvait les apprécier, les juger, s’en moquer – Il était plus ardu de faire cela lorsque la seule chose qui semblait être à disposition était du vent et des rumeurs. Le membre de la Garde était là, devant elle, et avait cet air de déjà-vu qui semblait ne pas vouloir sortir de l’esprit de Cersei – Tout comme l’étouffante lueur d’un septuaire lors d’une procession funéraire.

Son regard émeraude considéra alors son interlocuteur sensiblement plus intensément, comme cherchant minutieusement et silencieusement la faille dans l’armure noire, les secrets derrière les vœux prêtés – Un prédateur observant sa proie, en somme, si l’on en oubliait que la proie n’était pas une proie ordinaire et que les griffes du prédateur ne pouvaient décemment pas se planter trop fort dans une personne que l’on attendait auprès du Roi. A cela, Cersei nota amèrement que même s’il s’agissait de Joffrey sur le trône, certaines choses n’avaient pas changé. Elle avait voulu croire – Mensonge. Elle y croyait encore – que les changements seraient sensiblement plus tangibles mais, au final, la seule différence majeure était qu’on ne tentait plus ouvertement de lui dire où était sa place. Toutefois, celui que l’on avait envoyé comme recruteur pour la Garde de Nuit ne savait rien de tout cela. Ce qu’il se devait de savoir, par contre, c’était qu’il y avait dix ans, elle était déjà reine – Vivant probablement plus à Port-Réal que sur les routes à cause d’un enfant en bas-âge qui finirait par devenir roi. Cersei ne se souvenait pas avoir été au Conflans dix ans auparavant. Comme elle l’avait conclu, l’information n’était donc d’aucune utilité – banale et presque attendues, comme s’il y avait moins de sept réponses possibles à cette question. Cela dit, une réponse comme celle-là ouvrait la porte à bien des possibilités, si utilisée proprement. Après tout, au mieux cette information était toujours précieuse au frère juré qui ressentirait toujours un certain attachement à sa terre d’origine et aux Tully – et Cersei n’était pas exactement en guerre contre les Tully, malgré le fait que Catelyne Stark provienne de cette famille – et au pire, l’homme respecterait ses vœux et serait d’un détachement impartial. « Et qu’a donc bien pu pousser quelqu’un en provenance d’une région aussi abondante que le Conflans à prononcer ses vœux ? » La question aurait pu être dénuée de double sens – une simple remarque, cherchant à démontrer ce qu’il manquait au procédé de recrutement de la Garde – à toute personne non-avisée. Seulement – Seulement, ce regard paraissait bien trop connu à la Reine pour qu’elle puisse laisser passer cela et mettre le tout sur le coup de l’inattention ou de ses tendances à ne faire confiance à personne. « Quelle valeur avait votre ascendance ou votre identité avant que vous ne preniez l’habit noir ? » Qui était-il ?, en somme, et d’une manière si détournée que Cersei doutait fortement de l’obtention une réponse direct.

Cela n’avait au final que très peu d’importance, se rappela-t-elle, car elle était reine et pouvait donc faire presque tout ce que bon lui semblait tant que Tywin Lannister n’en était pas inquiété. La vie et les tribulations d’un membre de la Garde de Nuit n’avaient, en apparence, rien qui pourrait intéresser les Lannister.

Port-Réal ; An 299, Mois 3 ♛ Rivers. Le nom était immanquablement celui d’un bâtard des Conflans, correspondant parfaitement avec tout autre détail que Cersei avait obtenu jusqu’à présent. C’était là le problème avec les bâtards – A force de posséder le même nom de famille uniforme ne laissant paraître que la région dont ils provenaient mais les dénuait de toute autre forme d’identité, le rendait presque parfaitement interchangeable. La réalité était bien plus compliquée – Cersei le savait, tout comme elle savait qu’un bâtard de Robert en valait au moins vingt d’un seigneur d’une maison moindre et peu reconnue -. Non. Ce garde se devait d’être quelqu’un, et quelqu’un qu’elle avait déjà suffisamment pu observer pour en avoir ne serait-ce qu’un vague souvenir – même moins qu’un souvenir, une impression. La Reine de Westeros ne perdait pas son temps à se souvenir de bâtards ayant décidé de peupler les ordres de la Garde de Nuit. Cela devait être ou avoir été important.

Cela dit, l’histoire n’était pas un mensonge. L’audace stupide dont le frère juré venait de faire preuve en lui posant à son tour une question en était preuve. Ma dame. Cersei l’avait laisser filer à la première offense, trop occupée par sa propre vie et ses propres pensées pour prêter autant d’attention à ce qui sortait de la bouche d’un membre de la Garde de Nuit dont elle n’était pas celle qui s’occuperait de sa requête. Toute personne peu négligeant, ayant reçu un minimum d’éducation, l’aurait appelé ma Reine, en reconnaissance de son autorité à présent inébranlable, indéniable et presque suprême. Seul quelqu’un ayant mené une vie piètre et pathétique – ou quelqu’un de suffisamment fou pour tenter de se montrer insultant envers la reine des sept royaumes – aurait utilisé une autre marque de respect. C’était bien un bâtard, et un bâtard stupide quoi que honnête. Avec le recul, Cersei supposait que ces deux notions étaient bien souvent intimement liées.

« Etant enfant, j’ai été parfaitement enseignée que le devoir d’une dame est de plaire discrètement et de se soumettre à l’autorité des hommes sans dévoiler une quelconque opinion. Diriez-vous, frère juré, qu’en vous adressant à la reine régente des sept royaumes, elle ait l’air de n'être qu'une dame ? » Elle marqua une pause, ensuite, un sourire acide se dessinant contre ses traits anguleux et laissant clairement paraitre que la question était un piège. « D’aurénavant, vous ne parlerez de ma personne et à ma personne qu’en utilisant le titre approprié qu’est celui de Reine. Après tout, même les gardiens du Mur sont sujets aux normes de Westeros. » L’insulte était facile, claquante, et le sourire de Cersei s’agrandit. « Quant à mes raisons, elles sont miennes et ne concernent que ma conscience. » Ceci n’était pas une conversation – Interrogatoire serait probablement un terme plus correcte, quoi que d’une dureté non nécessaire.  

« Et croyez-vous vraiment que l’envie de rejoindre un ordre aussi illustre soit un argument aussi efficace sur les bâtards de Port-Réal qu’il ne l’a été sur vous ? » Non. Bien sûr que non. Ce genre d’argument n’était efficace que sur des personnes honnêtes et voulant croire posséder un honneur inébranlable – Comme le bâtard d’Eddard Stark qui était parti pour le Mur, mais à l’inverse du garde – de la garde – rencontrée lors de cette même visite au Nord. Les yeux de Cersei s’agrandirent presque imperceptiblement. C’était une coïncidence bien trop complexe pour paraître plausible.  

Port-Réal ; An 299, Mois 3 ♛ « L’offense est faite, seule ma clémence vous sauve. » La Reine n’était pas clémente. Elle se voulait stratège, réfléchie, analysant trop certains détails d’une manière si systématique que certains auraient dit qu’elle s’aliénait à tenter de ressembler à son père mais qui lui accordait sans aucun doute une certaine supériorité, un point de vue de choix et des possibilités d’actions presque infinies. Seulement, les-dites possibilités étant régies par les règles très strictes de la politique du pouvoir, la théorie et la pratique étaient deux choses très différentes. En pratique, il aurait été maladroit de chercher une quelconque sanction, bien sûr. Cersei avait en face d’elle un officier de la Garde de Nuit en mission à Port-Réal, et les derniers évènements ayant eu lieu dans la ville avait suffisamment bouleverser la population pour faire planer un vent d’insécurité sur la ville – La Reine en était consciente, et elle était aussi parfaitement consciente qu’elle ne pouvait perpétuer cette insécurité. Il n’y avait aucune idée de mesure sociale dans cette évidence, aucune supposition que ses actions permettrait au peuple de ne plus craindre le nom des Lannister – Le peuple se devait de les craindre et n’aurait jamais vent du fait que la Reine avait choisi d’épargner une sanction hypothétique à un membre d’une Garde lointaine, sur un immense Mur de glace -, mais propager l’insécurité plus que de raison leur aurait donner un désavantage militaire. On devait la craindre suffisamment pour ne pas l’opposer, mais pas assez pour prendre la fuite vers un camp ennemi plus laxiste.  En pratique, encore, il semblait bien plus intéressant pour Cersei de venir à bout de ses propres doutes quant à l’identité de l’homme – la femme ? – en face d’elle.

Alors, jusqu’à satisfaction de ses intérêts à court terme, la Reine était clémente.

Un mince sourire étira les lèvres de la blonde en entendant la réponse que donnait le frère juré à sa question – Comme si cela n’avait été qu’un piège, qu’elle pouvait se moquer des espoirs d’un membre de la Garde de Nuit un peu trop idéaliste. Après tout, le Mur tenait toujours – Et tant qu’il tenait, les ennemis principaux de Cersei n’étaient pas d’hypothétique contes fantaisiste, mais des hommes de chaire et de sang possédant des armées, possédant des informations compromettantes sur elle et possédant son frère. Ce n’était donc pas un sourire avenant, ou même une expression digne du nom sourire, mais les traits de la Reine laissaient toutefois paraitre qu’il s’agissait là de plus qu’un rictus parfaitement appris et répété depuis sa plus tendre enfance et qui creusait des lignes sur son visage. « Pour le bien du Mur. » Elle répéta sur un ton faussement doux, presque comme un murmure. « Faites attention à ce que votre vision de l’honneur cadre avec celle du Roi, s’il n’y a que le résultat de cette visite qui importe à votre esprit. » Une remarque presque anodine, en soit, mais qui rappelait la position qu’avaient les bâtards du Conflans dans le Sud.

Dans son esprit, elle tentait de se rappeler des instants passé au Nord, en présence du frère juré qui avait été présent lors de sa visite – De bref, précieux instants qui lui avaient permis de déterminé que le frère juré n’était pas homme, et avait aussi vu s’écrouler toute tentative de corruption pour garder un œil sur le Mur que Robert n’aurait pas. « Mon temps est en effet des plus précieux. » Son sourire s’agrandit d’un cran. « Cela dit, une autre question, avant de vaquer à mes responsabilités – Dites-moi, frère juré, est-il plus ardu de recruter dans le Sud qu’à Winterfell ? J’ai entendu dire que l’un des derniers voyages jusqu’à la capitale du Nord avait été particulièrement propice, en matière de recrutement de bâtards et autres choses brisées. »

Ses yeux émeraudes étaient braqués sur le supposé homme en noir, guettant la moindre réaction. Les mots sortant par les lèvres de la Reine n’avaient, de toute évidence, pas été le sujet principal de cette dernière question.