Lyanna peignait ses cheveux devant un miroir. Elle était assise sur une chaise en bois et elle était encore en pyjama. Une longue chemise de nuit blanche, aux manches repliées. Habituellement, elle aurait fredonnée, elle aurait sourit, elle aurait appelée Askja en lui demandant si le fils Wynch la trouverais belle …
Mais ce matin là, les yeux de Lya étaient rougit par les larmes. La nouvelle de la veille l'avait dévastée. Sa sœur partait.
Elle passa de l'eau froide sur son visage, tentant vainement de faire disparaître les vestiges de ses larmes. Non, Askja ne devait pas savoir qu'elle avait pleuré. Elle avait 14 ans, ce n'était plus une enfant.

Habillée, propre et bien coiffée, Lya sortit de sa grande chambre. Elle ne passa même pas prendre de quoi manger et elle se dirigea presque aussitôt vers les écuries. Son étalon passa la tête par la porte de son box et la regarda. Ça ne faisait que quelque jours que Brandon lui avait offert Illick. Ce jeune étalon avait tout de suite plût à la jeune Volmark.
Elle entra dans le box de son cheval et lui caressa la nuque. « Salut mon grand ! ». Lyanna mordilla ses lèvres et le brossa un peu avec la première brosse venue.

Illick, joueur, lui donna quelques coups de museau. Lya réprimait quelques sourires. Et puis d'un coup, la jolie brune s'installa dans un coin du box, là, à même la paille. L'étalon ne s'en soucia pas plus et continua à mâchonner de la paille, l'air serein.
Elle replia ses genoux contre sa poitrine et sanglota longuement, le visage camouflé dans ses mains. Combien de temps avait-elle pleuré ? Combien de fois Illick l'avait poussée pour voir si sa maîtresse voulait jouer ?
Peut être une heure, voire deux … toujours est-il que des bruits de pas se firent entendre. Et ils venaient vers la cachette de Lyanna.

« Je pars découvrir le monde, au bord du Méchant Loup. » Ces mots résonnaient encore dans ma tête. Je l'avais dis. J'avais annoncé à Brandon et Lysa Volmark, qu'il faudrait maintenant qu'ils comptent sur Lyanna. Je n'étais pas digne d'être leur fille. Je refusais de me marier, je refusais de suivre la voie que l'on voulait m'imposer, et … du coup je partais voyager. Je partais. Ça serait mieux. Ce n'était pas que les Volmark étaient de mauvais parents ou autres, c'était juste que… j'avais besoin de prendre le large dans tous les sens du terme… Enfin bref.

Lya' l'avait mal pris. Et elle s'était vexée… Attristée ? J'avais essayé pourtant. Essayé de la … Non je n'avais pas essayé. Le départ attendrait, avant de partir, il fallait que je parle à ma soeur, l'amie la plus proche que j'avais pu avoir pendant ces longues années.

Du coup je l'avais cherché. Partout sur l'île… Jusqu'à ce que passant pres des écuries je n'entende des gémissements. Peut être des pleurs ? C'était ma faute si elle pleurait, mais je devais être forte, courageuse… Ne pas fuir comme la lache que j'étais et… Enfin. Doucement je pénétrais dans la bâtisse, passant non loin des box à la recherche de ma chère soeur…

« Lyanna ? Lya. C'est moi. J'ai besoin de te parler. »

Doucement je poussais la porte du box de son cheval… Elle devait être la. Je soupirais un peu, et arrangeant un peu l'écharpe rouge autour de mon cou, je respirais grandement avant de rentrer.

« Du calme Illick, ce n'est que moi. Lya… Je peux m'approcher ? »

Je ma tassai contre la paroi du box en retenant mon souffle. Zut. Elle venait par ici. Je frottais alors mes yeux et n'eût pas le temps de me redresser qu'elle ouvrit la porte du box d'Illick. Mon cheval la salua d'un affectueux coup de tête. Je levai mes yeux noirs vers elle. Si elle pouvait s'approcher ? Quelle question, maintenant qu'elle était là, pourquoi ne pas s'approcher.
Je hochais vaguement la tête sans pour autant me lever. Je m'empressais d'ajouter :
« Je pleurais pas. »

Bien sûr, comme on pouvait le lire sur mon visage, c'était faux. Et puis je crois qu'elle avait entendu de toute façon. Mphm. Qu'importe. Je la regardais, un peu durement, il faut avouer. Je lui en voulais. Je ne comprenais pas. De quoi ma sœur se plaignait ? Nous étions promises à un avenir brillant ! Mais non. Hein. Ça c'était du Askja tout craché. Il fallait qu'elle parte.
À qui j'allais parler maintenant ? Bien sûr j'avais mes amis ici. Mais ma sœur était ma plus grande amie. Ma confidente. Ma sœur quoi …

« J'ai entendu hier, ce que tu as dis à Brandon et Lysa. »
Une boule se formait de nouveau dans ma gorge, mais je lui souriais néanmoins. Un sourire un peu amer, certes, mais un sourire tout de même.
Illick la poussa de nouveau avec le museau, un bout de paille entre les dents.

Parfois j'oubliais que ma soeur n'avait que 14 ans, et qu'elle était encore fragile. Parfois j'oubliais… Qu'importait. Plus je la voyais, plus je pensais à elle, plus je regrettais ce moment, cette décisions. Et pourtant, il fallait en passer par la. J'avais besoin de partir. J'avais besoin d'aller vivre ailleurs de… Decouvrir du pays ? Doucement je caressais la tête d'Illick qui me saluait affectueusement, puis je regardais la forme au sol. Ma soeur… Lyanna. Fragilisée.

Non bien sur qu'elle ne pleurait pas… Voyons. C'était tellement visible. Ça se voyait sur son visage, je l'avais entendu. Et pourtant je ne disais rien. Au lieu de ça j'attendais un peu qu'elle se calme peut être ? Je restais debout quelques instants, puis quand elle reprit la parole je m'agenouillais à ses cotés, ignorant son cheval.

« C'est de ça dont je voulais te parler Lya. Je suis désolée que tu l'ai appris comme ça. »

Et doucement je tendais la main pour essuyer une larme qui était restée sur sa joue. Ça me brisait le coeur de la voir dans cet état. De la voir Fragile comme ça… A cause de moi.

« Tu sais. Je n'ai pas vraiment le choix. Il faut que je parte. Je ne me sens plus bien ici. »

Un léger sourire. J'aurais tant aimé lui dire que je l'emmenais avec moi. Que je lui ferais découvrir du paysage. Mais elle n'était pas une fille de l'eau et … Il fallait bien qu'elle reste avec nos parents. Maladroitement je lui posais une question.

« Comment tu te sens ? »

Si seulement je n'étais pas si fière. Et si seulement je n'étais pas malade en mer … ! J'aurais sauté dans les bras d'Askja et je l'aurais suppliée de m'emmener avec elle. Mais elle partait et elle serait en mer. Et la mer et moi, on était pas copines.
Elle essuya une larme sur ma joue. Elle ne se sentait plus bien ici ? Au fond de moi, je crois que je savais qu'elle partirait un jour.

Je hochais la tête de temps à autres. Que voulait-elle que je lui dise ? « Va et sois heureuse » ? Oui, j'aurais dû lui dire ça, mais j'aurais surtout voulut lui dire « Pars pas sans moi. ». J'étais tellement égoïste. Je n'arrivais pas à voir le besoin qu'avait ma sœur de s'éloigner d'ici. Non, je ne la comprenais vraiment pas.
« Askja je … »
Je quoi ? JE veux pas que partes ? JE suis désolée de pleurer devant toi ? Je … je … je ne savais pas quoi lui dire en y réfléchissant bien.

Ça me faisait mal au cœur. Puis elle me demanda comment je me sentais. Je lui jetai un regard un peu noir et je me levai. Tout en enlevant les brins de paille collés à ma robe je lâchai d'un trait :
« Je … je me sens comme une fille qui va se retrouver sans sa grande sœur. Mal ! »
Il y avait de la colère dans ma voix. Il y avait surtout beaucoup de tristesse.

J'avais surpris Illick en me levant aussi vite, et je lui offrit donc une caresse sur l'encolure. Mes mains tremblaient. Je m'agaçais de ne pas être forte comme elle. J'étais sûre que ça la rendait un peu triste de partir.
Et puis je fermai les yeux et l'imaginait sur son bateau. La mer l'emmènerais loin. Loin des îles de fers. Mais la mer s'était dangereux, c'était … c'était imprévisible. Alors quelques larmes s'échappèrent de nouveau de mes yeux. Je tournai la tête vers ma sœur et bégaya :
« Tu feras attention aux tempêtes, hein ? »

En réalité ? J'aurais aimé l'amener avec moi. Mais je ne pouvais pas d'un coup arracher aux Volmark leurs deux filles. Et je ne pouvais pas non plus infliger les vicissitudes de la mer à la douce Lyanna. Mais la… ? Je lui infligeais mon départ. Ce n'était pas mieux. ce n'était pas noble. Je soupirais un peu… Je me sentais mal et mon coeur saignait. C'était une métaphore bien sur, mais c'était vraiment l'impression que ça me donnait. C'était… De toute façon je n'avais pas le choix. Il fallait que je parte. Et si c'était la dernière fois que je devais sécher ses larmes, ça le serait. Tant pis… pour moi ? Pour elle. J'étais égoïste au fond… Et c'était triste de se dire ça. Mais…

Enfin… Je ne savais pas vraiment quoi dire, et je la regardais se lever, me levant à sa suite. Aussi promptement en tout cas. Elle avait des choses sur le coeur et ça venait de sortir. Moi, je reculais un peu… Prise au dépourvu encore.

« Je suis tellement désolée Lya. Je… » Je baissais les yeux, un peu triste. Pour garder les larmes que je ne pleurerais pas. Elle, elle pleurait en revanche, me demandant de faire attention aux tempêtes… Et je ne résistais plus, je l'envelopais de mes bras en déposant un baiser sur son front. J'avais toujours été un peu plus grande qu'elle.

« Je te le promets. Et je t'écrirais aussi. A chaque escale tu recevra une lettre. Je te décrirais tout. C'est comme si … Ca sera comme si tu es avec moi…. D'accord ? » C'était pas vraiment adroit. Mais je n'étais pas trop adroite. Et je ne savais pas sécher les pleurs des gens. Moi… J'étais desemparé. J'avais juste besoin de partir. L'appel de la mer et des voyages.

Elle s'excusait. Pourquoi s'excusait-elle ? C'était moi qui l'embêtait. C'était moi qui pleurait comme une enfant. Mais après tout … n'étais-je pas une enfant ?
Askja m'attrapa dans ses bras. J'avais même droit à un baiser sur le front. Askja, Askja, Askja, ne pars pas. Je … je sais pas moi, je ferais venir un grand professeur de géographie, je te montrerais mes endroits secrets, là où personne ne va à part moi. Je t'offrirais des cartes du monde, je … Oh Askja …

Elle m'écrirait ? Je souriais tristement. Je ne pourrais plus l'embêter avec le fils Wynch, je ne pourrais plus faire semblant d'être malade pour qu'elle reste avec moi, je ne pourrais plus être la même petite fille. En même temps ça me permettrait de grandir, de prendre des responsabilités.
« Ce sera tout comme, avec les crises en moins … »
Je lui souriais un peu.

Allez, il ne fallait pas qu'elle garde un souvenir si pitoyable de moi. Je me devais de lui montrer que je serais forte. Puisqu'elle me laissait seule héritière des Volmark, fallait bien que je lui prouve que je saurais assumer cette responsabilité.
« Tu vas me manquer. »
J'étais sincère. Je frottai mes joues et posa ma tête contre son épaule. J'avais besoin qu'elle reste là, un instant avec moi.

Brandon et Lysa étaient-ils tristes ? Je n'en avait pas parlé avec maman. Je ne sais pas si je pourrais le faire. J'aurais trop … honte ? Mal ? De lui dire que je m'inquiétais pour ma sœur. J'espérais vite la revoir. Et elle n'était pas encore partie …

J'étais tellement navrée de partir… De quitter Lyanna et de lui infliger inquiétude et solitude. Mais ici elle serait aimée. Ici elle serait choyée comme une seule enfant. Et moi je m'en irait au gré des flots. Je me sentais triste. Perdue. Mais il le fallait. La mer et les voyages m'appelaient d'une façon qui ne serait jamais comblée. Je ne pouvais pas rester. Il fallait qu'elle le comprenne. Je ne pouvais pas m'oublier, même pour elle. Et si elle était celle qui comptait le plus pour moi, je n'en avais pas moins besoin de vivre.

Bien sur, je lui écrirais, elle deviendrait grande et forte. Et je déposais un baiser sur sa joue en lui souriant un peu.

« Tu me manquera aussi. » et doucement je serrais un bras autour d'elle « Dans quelques années, je reviendrais. Et je serais le capitaine de ta flotte. Quand tu aura pris les rennes de la maison. Je ne te quitterais plus, mais toi, tu ne te souciera plus de moi, car tu sera marié. Peut être même au fils Wynch ! »

Oui le fils Wynch, je savais qu'il lui plaisait, et je réalisais finalement que ma tentative d'humour avait été moyenne. Plus que moyenne en fait. Ouais… C'était dommage mais, je baissais les yeux, ne sachant pas vraiment quoi rajouter.

« Tu sais. Je ne pars pas de suite. Je peux encore passer la journée avec toi. Et demain aussi si tu veux. »

Je partirais quelques jours de retard sur mon planning. Elle le valait bien

Elle me laissait entendre que j’allais grandir et finir par ne plus me soucier d’elle. Ça, ça ne risquait pas. Même mariée au fils Wynch, je ne pourrais me résoudre à laisser ma sœur de côté. J’avais bien vu qu’elle avait essayé d’être drôle, de me faire sourire. Je reculai donc un peu de son étreinte et la regarda malicieusement.
« Pffh, Askja, essaie au moins d’améliorer ton sens de l’humour sur le Méchant Loup ! »
Je regardai l’étalon à nos côtés. C’était pas des adieux très classes, les pieds dans le crottin, les cheveux en bataille -pour ma part- et le visage rougit par les larmes. Mouais, j’avais déjà été bien plus jolie. Et heureusement pour moi.

J’essuyai donc mes dernières larmes du revers de la main, et ancra mon regard dans celui de ma chère sœur. Qu’elle reporte son départ ? Oh oui, comme je l’aurais souhaité du fond de mon cœur … ! Mais je n’étais pas égoïste à ce point et je refusais de la garder prisonnière quelques jours de plus ici. Je secouai gentiment la tête et posa une main sur son bras.
« On passe la journée ensemble … ? Je te laisse prendre le large demain, c’est promis. »
Et je tenais mes promesses, car oui, ma sœur serait beaucoup mieux sur un bâteau, avec son équipage. Même si elle me laissait derrière elle. Même si … même si …
Même si j’allais avoir beaucoup de mal a supporter ça. Il fallait bien l’admettre. Je soupirai un peu puis sortit du box de mon cheval, attendant que ma sœur en fasse de même avant d’en refermer la porte.
« ... Et si on allait au bois ? »
Un vaste mot pour décrire quelques arbres plantés par-ci par-là… Mais j’espérais que cette balade nous fasse passer quelques bons moments. Peut-être nos derniers … ?
Non. Elle avait dit qu’elle serait de retour. Elle l’avait dit …

Elle me manquerait. J’avais beau aimer mes parents – et ne pas aimer leur choix quant à mon avenir – j’avais beau aimer Volmark et tout le reste, c’était vraiment le sourire de Lyanna qui me manquerait le plus. Elle me manquerait c’était un fait. Mais je reviendrais. Je croyais en ce que je lui disais, j’étais peut être l’ainée, mais je ne voulais pas diriger le domaine, ça lui reviendrait, et moi, je gouvernerais sa flotte. Il était bon de rever. Je n’esperais qu’une chose, la rassurer. Qu’elle ne pleurre pas de longues nuits durants à m’attendre en vain.

Et voila qu’elle se moquait de moi. Ma sœur redevenait elle-même ? J’avais causé tellement de …. Non, les regrets viendraient plus tard, quand je dormirais seule sur une planche de moi, ou echouée je ne sais pas, dans le desert peut être. – comme si ça pouvait arriver un jour – «  Hey ! Il est très bien mon sens de l’humour.  Nia nia nia »  … Redevenir une enfant ne serait ce qu’un fugace moment.

Et puis le serieux à nouveau. Je pouvais bien retarder si elle le desirait. J’aurais tout fait pour elle, sauf rester indefiniment. Elle ne le voulait pas. Elle voulait mon bien, et c’était déjà bien… ?  La journée serait suffisante. Nos adieux, nos derniers moments avant …. Avant longtemps, mais pas avant toujours ; je me le promettais. «  Allons au bois oui. » Il était léger le bois, mais c’était déjà ça, et adressant un dernier regard, une derniere caresse à l’étalon à nos cotés, j’attrapais la main de ma sœur, et je commencais à l’entrainer pour sortir de la.

Le bois… Les quelques arbres freles que l’on nommait bois à vrai dire, était la, a même pas une dizaine de minutes de marche. Oh, l’ile n’était pas grande, nous n’étions pas les plus grands seigneurs des iles de fer. Mais, nous étions heureux, c’était tout ce qui comptait. Et doucement je laissais sortir : «  Volmark me manquera … un peu. »

Je la regardais, alors qu’elle me tenait par la main, et que nous nous dirigions vers cet amas d’arbres frêle. Oublier le fait qu’elle ne ferait plus partie de mon quotidien. Oublier le fait qu’elle risquerait sa vie sur le Méchant Loup, que la mère, capricieuse, pouvait arracher sa vie d’une minute à l’autre. Ça avait bien faillit m’arriver, alors que je n’étais qu’une petite fille. La mer était impitoyable, imprévisible. Askja le savait bien …
Elle mentionnait ensuite le fait que Volmark lui manquerait, un peu. Je regardais autour de moi. Oui, cet univers ne lui allait plus, elle avait besoin de cette liberté, de cette chance qui s’offrait à elle. Alors je serrais doucement sa main dans la mienne.
« Je te raconterais tout, moi aussi. Tout ce qui se passera, tout ce qui changera … tout. C’est promit. »

Je le lui avais promis. Alors je tiendrais cette promesse. Arrivées au bois, je m’installai au sol, les feuilles qui recouvraient le sol faisaient comme un tapis. Et puis qu’importe si je me salissais, j’avais déjà de la paille plein les cheveux.
« Moi je m’améliorerais encore plus à l’arc. Je deviendrais la meilleure chasseuse que t’es jamais connu ! Tu verras ! »

Je ne voulais pas quitter ma soeur. Et pourtant pour mon propre bien il me fallait partir. Aller ailleurs, m’en-voler vers d’autres cieux. Ou plutôt naviguer vers d’autres ports. Volmark m’étouffait. Nos parents m’étouffaient. Et la seule qui ne m’étouffait pas c’était elle, et voyons ce que ça donnait. Je ne pouvais… partir sans lui faire de mal. Et alors que nous marchions vers le bois, je lui disais, seulement, simplement que Volmark me manquerait un peu. C’était elle qui me manquerait le plus. Devais-je lui dire au risque de déclencher de nouveaux torrents de larmes ? Devais-je… ? Je restais silencieuse, lui souriant doucement alors que nos mains se serraient.

«  Je sais que tu le feras. »

Un sourire encore, et nous nous asseyions sur un endroit tranquille du petit bois qui bordait la maisonnée, c’était un lieu paisible, ou nous pourrions parler librement, avec pour seul public quelques animaux curieux. Mon sourire s’agrandit, je la regardais de haut en bas.

«  Tu le deviendra oui. Tu sera la meilleure, et peut être qu’un jour, quand nous nous recroiserons tu sera dirigeante guerrière de cette maisonnée. Et moi, je serais le plus grand capitaine que les flots aient connus. Après tout, nous les filles des îles de fer, nous sommes de la race des vainqueurs. Des héroïnes. Des femmes fortes. »

Je l’encourageais autant que je m’encourageais, car au final je savais que ce que je faisais serait dangereux. Qui pouvait prévoir ce qu’il adviendrait du Mechant Loup ? Qui pouvait prévoir ce qui se passerait si… je m’échouais quelque part ?

«  J’ai toujours aimé cet endroit. »

C’était juste… essayé de rendre la conversation plus légère. Un peu. Légerement dirons-nous.