AccueilAccueil  Dernières imagesDernières images  RechercherRechercher  S'enregistrerS'enregistrer  ConnexionConnexion  
Le deal à ne pas rater :
Réassort du coffret Pokémon 151 Électhor-ex : où l’acheter ?
Voir le deal

Partagez|

Petite toile, qui sera ma mouche? || PV P. Baelish

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Aller en bas
AuteurMessage
Varys

Varys

Maison :
C'est une excellente question, très cher.
REPUTATION :
100
Age :
29

Petite toile, qui sera ma mouche? || PV P. Baelish _
MessageSujet: Petite toile, qui sera ma mouche? || PV P. Baelish Petite toile, qui sera ma mouche? || PV P. Baelish Icon_minitimeDim 16 Mar - 14:28

Petite toile, qui sera ma mouche?



Que pouvait-on faire dans un royaume où la guerre sanglante avait laissé place aux complots mesquins et traîtres?
Deux choix possibles. Soit l'on devenait l'admirable Ned Stark et on batifolait avec son honneur jusqu'à en perdre la tête. Soit on jouait. Et dans tous les jeux dignes de ce nom, il y avait toujours eu des règles. Déloyalement changeantes, en politique, mais pour lesquelles il fallait se battre tout en faisant mine de s'en détacher. En somme, ces deux postures étaient vouées à une mort plus ou moins certaine, plus ou moins lointaines, plus ou moins physique. Les deux camps se côtoyaient, s'affrontaient, l'un finissait avant l'autre avant de renaître de plus belle. C'était un sans cesse vas et vient, au coeur duquel les plus faibles perdaient avant même d'avoir commencé à jouer. Du courage, il en fallait. De l'énergie, par dessus tout. Dévier les coups, en donner de pas trop violents mais suffisamment forts pour mettre l'adversaire sur le banc de touche durant quelque temps.
Mais cette époque semblait évoluer à nouveau. Car depuis que Stark avait laissé cours à son imagination fébrile en matière de politique et qu'il s'était fait raccourcir manu militari par l'admirable roi Joffrey, il était désormais certain que la guerre arrivait à nouveau. Mais les femmes, les eunuques, les malins et les vieillards ne faisaient pas la guerre. Les champs de bataille étaient trop dangereux et pas assez téméraires pour ces êtres ci qui avaient fait le choix de, justement, aller en dehors de tout combat frontal. Et eux, ils voulaient garder la main. La guerre contre la guerre. La politique contre les armes, les coups bas contre ceux dans les entrailles, les mesquineries contre les joutes.
Tout le monde serait sans pitié. Et ce, sur tous les champs de bataille.

Le Donjon-Rouge de Port-Réal vivait ces heures sombres où l'on croit que le morceau de pain que l'on grignote le soir peut être le dernier met que l'on prend de toute sa vie. A chaque moment, à chaque cloche sonnée et à chacun des cris entendus, les mains se crispaient sur les nobles sièges des immenses antichambres du pouvoir des Sept-Couronnes. La plupart des seigneurs étaient partis guerroyers. Leur femme, pour les moins courageuses, s'étaient enfermées dans leurs châteaux avec vivres et paysans, en sachant pertinnement que si la guerre durait trop longtemps, les deux seraient mangés. Quant aux plus téméraires, ou celles qui n'avaient pas de murs suffisamment épais pour être défendues, elles étaient aux côtés de sa sublimiscence la Reine Régente, reclue dans ses appartements à mijoter on ne savait quoi contre son Lutin de frère. Puis il y avait tous les autres. Le Grand-Septon, qui n'allait dans son grand Septuaire que pour les cérémonies et retournait se barricader dans ses quartiers afin d'y avaler plus de sucreries que de préceptes religieux, les courtisans qui croyaient dur comme fer que les futures veuves épeurées viendraient terminer leur deuil dans leur lit et qui pour cela travaillaient leur muscle et faisaient disparaître poils et tout autre forme de bestialité; les domestiques et enfin, ceux sans qui il n'y aurait peut-être pas eu de guerre, les Conseillers et la Cour. Ils étaient les plus protégés et les plus vilipendés. Ils n'avaient pas d'autres choix véritables que celui de soutenir la politique de Joffrey. Ou plutôt, le nihilisme gouvernemental de ce pubère qui découvrait à peine qu'il avait quelque chose entre les jambes et qui commençait à hurler sur les hommes après n'avoir que trop hurlé sur ses jouets. Aussi, ces derniers et uniquement ces derniers étaient considérés comme les plus grands coupables. Pycelle, Cersei, le Lutin, Littlefinfer et Varys.

Varys l'Araignée, qui d'ailleurs, ne semblait pas s'émouvoir de quelque façon que ce fût de ce mouvement populaire en sa défaveur. La guerre n'avait pas non plus semblé changer ses habitudes. On le croisait toujours aux endroits où on ne l'attendait pas, et jamais aux endroits où le cherchait. Vêtu de ses soyeuses robes remarquables, poudré comme s'il allait à chaque moment à des festins, audible par ses babouches martelant le sol avec délicatesse et fausse discrétion.
Tout en cet "homme" respirait l'illusion. Ses bonnes manières, sa voix mielleuse, ses luxueux habits qui le montraient tout autre qu'il était en réalité. Seule une chose pouvait contraster avec autant de caractère affiché: son regard. Vitreux, sans sentiments, le Maître des Chuchoteurs semblait n'avoir qu'un regard. Insondable, imprenable, il pouvait regarder avec autant de désespoir que de joie qu'importait alors les situations. Cette douceur des gestes et des mots se trouvait étonnement en contraste avec cette quasi dureté des yeux. C'était sans-doutes là toute la dangerosité du personnage. Mais comme il aimait à se le répéter, personne ne regardait véritablement qui il était. Personne, d'ailleurs, ne regarde personne. Les yeux, dans un tel monde, étaient devenus qu'une façade. On avait tellement l'habitude d'en apercevoir des hypocrites que les regards étaient oubliés. Or, s'il y avait bien une chose chez Varys qui pouvait être sondée, c'était ce regard qui ne laissait passer aucuns sentiments. Un mur, derrière lequel un esprit brillant, intrépide et malin se mettait à l'oeuvre à chaque moment.

Mains jointes derrière le dos, vêtu d'une robe jaune et verte qui se fermait sur le devant, comme de coutumes, les manches longues touchant presque le sol, l'Araignée marchait d'un pas ni rapide ni lent. Mesuré, discret, il avançait dans le couloir fait de pierre rose et plongé dans le silence de cette fin d'après-midi. Le voir, c'était comprendre qu'il se montrait. Ne pas le voir, c'était le craindre. Mais lorsqu'il se montrait à un endroit, il n'était pas idiot de penser que tous les autres étaient surveillés par ses oisillons, étranges espions à sa solde qui n'attendaient que cela pour révéler à leur maître ce qu'ils avaient vu et entendu.
Deux femmes qui passaient firent un signe de tête vers ce "Lord" qui avait reçu son titre d'on ne savait où mais qui savait sûrement combien de verre de vin elles avaient bu la veille. Cette méfiance était presque un jeu dans lequel Varys adorait se baigner. On se méfiait de lui, sans pour autant se méfier de ce qu'il possédait ni même se questionner sur le fondé de cette méfiance. Une bonne chose pour quelqu'un qui, comme l'araignée, ne se montre que pour attirer ses proies dans son immense toile de soie.

« Monseigneur. Y aura-t-il une aube qui se lèvera sur notre vaste royaume et qui verra le Grand Argentier en retard aux Conseils Restreints? »

La voix doucereuse de Varys traversa l'immense salle de trône dans laquelle Littlefinger se trouvait justement. Le Conseil ne débuterait que dans quelques minutes, le temps semblait-il pour celui qui gérait les finances de la Couronne pour prendre un moment de contemplation devant ce siège de fer.
D'un petit sourire discret, Varys s'avançait vers celui qui était bien plus maigre que lui, mais bien moins fin en matière d'espionnage. Il regarda rapidement un peu partout dans la salle, comme pour évaluer la distance qu'il y avait entre eux et les murs et l'interférence possible de leurs murmures. Mais par dessus tout s'assurait-il que tous les espions étaient bien là.
Celui de Cersei, ici. Les deux de Littlefinger faisant mine de n'être que des fantômes. Puis il fut ravis de ne voir que cinq de ses dix espions. La preuve que lui-même ne pouvait même pas déceler et détruire la discrétion de ceux qui étaient à sa solde.
Il joignit ses doigts poudrés sur le devant avec douceur et légèreté. Son ventre proéminent était maintenu par cette ceinture étrange et originale qu'il portait sans cesses. Se déplaçant partout avec lui, une senteur de lilas embauma rapidement les alentours tandis que les deux membres du Conseil Restreint s'observaient mutuellement.

Il eut un petit souffle qui cassa ce silence. Même lorsqu'il ne parlait pas, sa voix retentissait mielleuse et douce, comme pour montrer qu'il réussissait à merveille à garder les bonnes manières.

« Quelle chaleur, c'est épouvantable... »
Revenir en haut Aller en bas
Petyr Baelish

Petyr Baelish

Maison :
Baelish
REPUTATION :
221

Petite toile, qui sera ma mouche? || PV P. Baelish _
MessageSujet: Re: Petite toile, qui sera ma mouche? || PV P. Baelish Petite toile, qui sera ma mouche? || PV P. Baelish Icon_minitimeDim 16 Mar - 18:10


   

   
Chaos isn’t a pit. Chaos is a ladder. Many who try to climb it fail and never get to try again. The fall breaks them. And some are given a chance to climb, but they refuse. They cling to the realm, or the gods, or love. Illusions. Only the ladder is real. The climb is all there is

   
Faire s’accoupler deux dragons d’or pour en engendrer un troisième était certainement l’un des passe-temps favoris de Petyr Baelish. Quand il n’était pas occupé à comploter contre les obstacles gênants qui s’élevaient sur son chemin vers le pouvoir. En ces temps troublés, il était encore plus aisé d’interférer là où bon lui semblait. Mais que les petites gens se rassurent, ils n’avaient rien à craindre du Grand Argentier. Contrairement à l’Araignée qui tissait sa toile jusque dans les moindres recoins de Port-Réal, Littlefinger quant à lui se contentait de cibler les puissants ainsi que tous ceux qui étaient en mesure de le devenir. Sa dernière acquisition en date n’était nullement une fille de plaisir des contrées lointaines, mais plutôt un potentiel candidat au Trône de fer. Il n’avait pas encore arrêté son choix sur les deux options qui s’offraient à lui. Livrer le garçon à Cersei lui assurerait la protection de la Reine Régente et de la maison Lannister encore quelque temps, mais en ces temps de guerre on ne pouvait affirmer avec certitude le nom du vainqueur à l’avance. Aussi était-il plus prudent de donner naissance à d’autres alliances. S’il aidait le jeune homme à traverser le détroit en toute sécurité avant de lui permettre de rejoindre Daenerys Targaryen, alors Littlefinger pourrait espérer compter sur la gratitude de la Mère des Dragons si jamais le pouvoir venait à changer de mains. Néanmoins, la seconde possibilité s’avérait plus complexe à mettre en place. N’ayant pas suffisamment de relations en Essos, il lui faudrait obligatoirement passer par plusieurs intermédiaires avant de conduire Aeron Feunoyr jusqu’à Daenerys, ce qui rendrait la protection du jeune homme plus difficile à assurer. Mais il en fallait plus pour décourager Petyr Baelish, convaincu que l’argent pouvait acheter la confiance de n’importe qui durant un temps.

Quittant l’un de ses établissements, il se dirigea d’un pas rapide vers le Donjon Rouge. Littlefinger détestait arriver en retard aux séances du Conseil Restreint, aussi faisait-il toujours le nécessaire pour être le premier sur les lieux. Cela lui donnait l’illusion de posséder une certaine supériorité sur les autres membres, de les devancer quoiqu’il arrive. Même s’il venait parfois les mains vides, il trouvait toujours un moyen de rebondir sur les informations livrées par ses pairs. On ne pouvait jamais prédire ce qu’il avait derrière la tête. Il possédait certes moins d’espions que Varys, donc moins de révélations croustillantes à susurrer à l’oreille de la Reine Régente, mais il savait jouer de son incroyable maîtrise des finances du royaume pour se faire considérer comme un élément indispensable de la cour de Cersei. Trouver de l’argent pour financer un nombre toujours croissant de Manteaux d’or n’était jamais un problème, Petyr exécutait les ordres de la reine à la lettre et lui laissait parfois même entrevoir ses aptitudes à faire tomber les têtes les plus gênantes. Le meilleur exemple illustrant la perfidie de Littlefinger était la chute de Lord Stark. Quelle perte regrettable, Cat aurait certainement besoin de réconfort dans les mois qui allaient suivre. À ces pensées, Petyr autorisa un mince sourire à siéger sur ses lèvres l’espace d’un instant. Puis, il se remémora quelle aubaine cela avait été pour Cersei de voir Ned achever son existence si brutalement. Le moment était tombé à point nommé. Oh bien sûr, Stannis était déjà en train de répandre les rumeurs d’inceste qui touchaient les héritiers du royaume mais qui se soucie des dires de ce prétendant au Trône jugé froid et antipathique ? Alors que l’honorable Ned Stark, lui, aurait été écouté avec bien plus d’attention.

Pénétrant dans la salle du trône, Littlefinger fit une halte devant cet amas d’épées enchevêtrées les unes dans les autres. Un jour il s’était plu à prendre le temps de les dénombrer une à une. Évidemment il y en avait bien moins que ce que les légendes contaient, mais le trône n’en demeurait pas moins imposant, ainsi bercé par la douce lumière du soleil couchant. La voix de Varys vint soudain l’arracher à sa contemplation. L’Araignée n’était jamais bien loin, se faufilant partout où elle flairait la senteur des secrets, Petyr avait l’impression qu’elle observait le moindre de ses faits et gestes. Sans toutefois parvenir à contrecarrer ses petites manigances. Varys avait-il vu venir la trahison de Littlefinger ainsi que l’arrestation de Lord Stark ? Si oui, il n’avait rien fait pour stopper le cours des choses. Petyr Baelish brûlait d’envie de voir ce qu’il se tramait au fin fond des pensées du Maître des Chuchoteurs. Que pouvait-il bien désirer ? Quel but cherchait-il à atteindre en agissant comme il le faisait ? Tant de questions dont les réponses demeuraient mystères. Le Grand Argentier finit par se retourner face à son interlocuteur et lui répondit tout en souriant d’un air mielleux.

« Pas tant qu’il y aura un eunuque pour enquêter sur les raisons de ces retards. »

Manière détournée de faire comprendre à Varys qu’il attendait sa disparition ? Non, Baelish avait encore bien trop besoin du savoir de l’Araignée pour songer à s’en débarrasser dans un futur proche. Il ne savait pas encore comment lui présenter sa requête sans avoir l’air de lui être redevable ou de supplier son aide. Mais la solution lui viendrait à l’esprit au moment voulu. Tout vient à point à qui sait attendre, n’est-ce pas ? À mesure que Lord Varys se rapprochait, l’odeur de lilas s’accentuait encore un peu plus. Plus il avait été amené à côtoyer le Maître des Chuchoteurs, plus Littlefinger avait fini par haïr cette écœurante senteur florale.

Les prochaines paroles de l’Araignée arrachèrent un sourire moqueur à Petyr. Il y a quelques jours, il s’était rendu chez un tailleur en ville et s’était fait confectionner des vêtements plus légers afin de ne pas être trop décontenancé par les chaleurs étouffantes qui accablaient Port-Réal. Aujourd’hui, il portait l’un de ses nouveaux ensembles, sur lequel il avait épinglé une étoffe de soie d’un bleu étrangement Tully.

« Vous devriez songer à vous vêtir plus légèrement, mon cher.  D’autre part, vous conviendrez qu’il est des choses plus épouvantables qu’une vague de chaleur. Perdre sa tête est à mon sens un drame plus terrible. »

   
   
Revenir en haut Aller en bas
Varys

Varys

Maison :
C'est une excellente question, très cher.
REPUTATION :
100
Age :
29

Petite toile, qui sera ma mouche? || PV P. Baelish _
MessageSujet: Re: Petite toile, qui sera ma mouche? || PV P. Baelish Petite toile, qui sera ma mouche? || PV P. Baelish Icon_minitimeDim 23 Mar - 10:40

Il y avait une drôle de manière chez ceux qui avaient trahi de rester ainsi, le sourire béant et les yeux pétillants d'autres trahisons à venir. Comment devait se sentir Catelyn Stark après que son plus fidèle soutien à Port-Réal eût mis son couteau sous la gorge du Seigneur de Winterfell? Sans-doutes avait-elle quelques légers reproches à faire à cet homme qui gérait les finances du Royaume avec un étrange mystère et une ombre que rares arrivaient à dissiper.
Varys se souvenait de l'ancien grand Argentier, celui qui s'y trouvait avant Baelish. Un vieil homme, acariâtre au possible, mais qui n'avait jamais fait de son poste un poids politique immense. Sûrement pour cette raison que ce jeune-homme l'avait fait valser en quelques secondes.
Et quand il le regardait, il lui arrivait d'avoir quelques frissons à l'idée de ce qu'il avait fait. Varys avait juré allégeance aux Targaryen. Il avait juré aussi de protéger la Couronne. Actuellement elle était sous le contrôle des Lannister, mais lui-même n'était pas un Lannister. Qui était Petyr Baelish? Il essayait de se dépétrer d'on ne savait quoi. Dangereux, il l'était. Non parce qu'il était un fin tacticien, mais parce qu'il avait toujours eu de très bonnes intuitions qui l'avaient sorti du pétrin en certains cas. Comme le victoire des Lannister sur Stark, comme la sympathie des Lannister à son égard. Mais de tous, Varys s'en méfiait le plus. Il ne voyait rien de sincère en cet homme qui jurait son amour éternel à la veuve Stark, veuve qu'il aurait bien voulu épouser et plus depuis bien longtemps.

Ces deux composants du Conseil Restreint avaient une fonction dans celui-ci. Il fallait donc de prime abord qu'ils s'assurent du bon fonctionnement de cette fonction. Aussi l'un devait-il régir les finances du Royaume, tandis que l'autre s'occupait à la sécurité secrète de celui-ci. Afin qu'ils usent de toute leur influence à la cour, il leur fallait obligatoirement remplir les différentes missions qu'on leur demandait.
Varys excellait dans son domaine. Il pouvait savoir une minute à l'avance un éternuement hasardeux, à l'autre bout de Westeros. Les pattes poudrées de l'Araignée étaient longues et grandes et recouvraient bien plus que le Donjon-Rouge. Il aimait aussi à se dire que la plupart des espions des autres influents de la Cour lui appartenaient. Eux, ils ne le savaient pas. Picelle, Littlefinger, la Reine. Tous pensaient pouvoir se dire qu'ils avaient les moyens de contrer Varys. Et Varys leur laissait croire cela. C'était toujours mieux pour lui, qu'on le pense plus faillible qu'il ne l'était en réalité. Il avait de quoi surprendre. La vie qu'il avait eue, pour arriver là où il était, lui avait appris nombre de choses que tous autour de la table du Conseil n'apprendraient jamais. Il avait du survivre dans les rues sales et malsaines. Il avait du inventer tout et n'importe quoi pour arriver là où il était désormais. Et toutes ses secondes passées à apprendre quelque chose n'avaient pas été inutiles. Il était possible d'avoir un réseau d'espions tel que celui de l'eunuque, mais pour cela, il fallait bien des années de travail acharné à ne faire que ça. Le hasard n'avait jamais existé. Varys n'était pas né plus doué qu'un autre en matière d'espionnage. Il avait juste suffisamment travaillé, et il travaillait encore à entretenir ses forces et faire en sorte que ses faiblesses ne soient pas les plus visibles sans pour autant les ignorer.

L'homme gras et chauve joignit ses mains sous ses immenses manches de soieries. Il écouta ce grand mince parler tandis qu'un léger sourire se dessinait sur ses lèvres. Presque moqueur, tandis que son regard restait impénétrable. Il arrivait donc à ironiser sur sa propre trahison. Une manière intéressante que de se l'excuser.
Varys passait régulièrement devant les têtes de Stark et des siens pourrissantes. L'une était plus fraîche que les autres, puisqu'elle avait passé un peu plus de temps en prison. En faisant cela, le Maître des Chuchoteurs se rappelait que lui aussi pouvait finir à cet endroit en quelques secondes si la folie de Joffrey l'emportait. Oh, il faudrait un nouveau coup de folie à la Eddard Stark pour que le petit roi se mette soudainement à surprendre Varys. Sinon quoi il trouverait évidemment le moyen de disparaître sans ne laisser aucune trace.
Varys n'avait aucune attache matérielle dans cet immense Donjon. On racontait qu'il vivait dans de petites pièces implacablement propres mais sans dorures ni effets personnels. Quelques malles, quelques coussins de ci de là, pas de quoi ravir un petit marchand des Cités-Libres. De cette manière, il pouvait s'effacer sans que personne ne le remarquât. Certains disaient même qu'il ne logeait pas là. Qu'il avait une forme de repère, dans les sous-sols du Château. Des rumeurs, il y en avait autant qu'il en divulguait lui-même sur sa propre personne. Une manière de s'éloigner de l'essence même de qui il était, et de mieux pouvoir attaquer au moment venu.

« C'est exact, mon Cher. Toutefois, il est vrai que ce pauvre Eddard et sa Septa ne ressentent plus la chaleur, là où ils sont. Quel est le pire, selon-vous? Perdre la tête et imposer aux autres cette infâme odeur qui s'insinue même jusque dans nos tissus? Ou avoir chaud nous-même? Triste équation, n'est-il pas? Embêter les autres et ne plus avoir chaud, ou laisser les autres tranquilles mais en transpirer de frustration... Varys eut un petit rire doucereux, marqué très franchement féminin. Je subodore donc que ce qu'il y a de pire, actuellement, est bien d'avoir chaud. Nous aurions tant besoin des Stark pour qu'ils rassurent nos coeurs embrumés de chaleur et nous remémorent que l'Hiver vient. Mais hélas, nous sommes en guerre contre eux et que nous ayons chaud ne leur importe guère, je le crains. »

Mais les Stark n'étaient pas là, si ce n'était cette pauvre Sansa qui ne servait rien qu'à rêver de chevaliers tandis que le seul promis qu'elle avait été un monstre débile désincarné de tout sens d'honneur et de politique. Et elle ne trouverait même pas de quoi s'amuser avec ce pauvre garçon qui savait à peine y faire avec les autres que lui-même. Pauvres Lannister qui devenaient comme les Targaryen et dont la consanguinité ne réussissait d'évidence guère.
La guerre était quelque chose qui répugnait Varys. Sans-doutes parce que sa position n'était plus entre ses mains. Son destin se trouvait entre celles de ces milliards de soldats qu'il ne connaissait pas mais qui se battaient pourtant pour ou contre lui sans le savoir véritablement. Les Conseillers se cachaient, durant les grandes batailles. Et on susurrait que quelques semaines les séparaient d'un siège douloureux. Stannis et Renly se bataillaient encore pour savoir lequel des deux irait mener la guerre, alors qu'à la Cour on ne se souciait de rien. Le Roi était toujours aussi bête, la Reine toujours aussi mauvaise intriguante et les Conseillers toujours de très mauvais conseil. Il ne restait plus que le Lutin. Sa Seigneurie la Main du Roi, que Varys commençait à apprécier par sa clairvoyance de la réalité de Port-Réal. Une aubaine à saisir en ces temps où les Lannister passaient plus de temps à se manger entre-eux plutôt qu'à faire peur à leurs ennemis.

« Mais savez-vous ce que l'on raconte au Mur et au-delà? C'est horrible. Des morts qui reprennent vie, des Patrouilleurs qui ne reviennent plus... Notre honorable Garde de Nuit perd de ses moyens tandis que nous sommes coupés d'eux par trois armées qui nous veulent du mal. Quel désastre... On dit même, d'après ce que j'ai entendu, qu'un d'entre-eux se fait appeler le Roi au-delà du Mur. Cinq Rois pour une couronne de Sept, c'est coquet... Ne nous plaignons pas trop longtemps de la chaleur. Le froid semble arriver, et nos papillons cesseront de naître quand il sera à nos portes. »

Sous-entendus, litotes, clins d'oeil, les mots de Varys n'étaient jamais précision. Il entendait, il murmurait, il pensait. Rien de certain. Tout l'art de l'information, et surtout bien évidemment de la contrôler. De sa voix suave et mielleuse, l'Araignée n'avait cessé de garder son calme face à Littlefinger qui était connu pour le perdre bien plus facilement. Le gras homme observait de ses yeux globuleux entourés de poudre blanche celui qui se présentait comme son plus grand ami et qui n'avait jamais été rien d'autre qu'un ennemi dont il fallait se méfier.
Il entendit un bruit lointain, venant de la salle du Conseil. Sans doutes un valet qui installait la salle afin que tout soit mis en place. Varys tourna la tête vers l'entrée de la pièce, avant de regarder Baelysh avec un petit sourire mielleux.

« Nous allons être en retard. Tous nos stratagèmes pour ne pas l'être tomberont à l'eau, et j'en serai le premier blessé. »

Autrement dit, dépêche-toi mon petit, l'Araignée va te filer entre les doigts et aller entourer d'autres personnes de sa fine soie empoisonnées.
Revenir en haut Aller en bas
Petyr Baelish

Petyr Baelish

Maison :
Baelish
REPUTATION :
221

Petite toile, qui sera ma mouche? || PV P. Baelish _
MessageSujet: Re: Petite toile, qui sera ma mouche? || PV P. Baelish Petite toile, qui sera ma mouche? || PV P. Baelish Icon_minitimeDim 23 Mar - 21:27


   

   
Chaos isn’t a pit. Chaos is a ladder. Many who try to climb it fail and never get to try again. The fall breaks them. And some are given a chance to climb, but they refuse. They cling to the realm, or the gods, or love. Illusions. Only the ladder is real. The climb is all there is

   
Bien qu’il ne l’avouerait pas tous les quatre matins, Lord Baelish éprouvait une certaine forme de respect à l’égard de Lord Varys. Cet eunuque venu de l’autre côté du détroit lui faisait parfois l’effet d’être aussi robuste et inébranlable que le sinistre Mur qui protégeait le royaume d’on ne savait quoi. Les rois passaient et trépassaient tandis que le Maître des Chuchoteurs conservait habilement sa place au Conseil Restreint, ainsi que sa tête bien-pensante. Tissant méticuleusement sa toile, il repoussait sans cesse les limites de son influence, ses yeux voyaient au-delà des murs et des frontières, ses oisillons lui rapportaient les nouvelles des plus lointaines contrées, de sorte que rien ni personne ne pouvait espérer devenir invisible à ses yeux. Et pourtant, malgré cet immense savoir qu’il distillait avec parcimonie, Lord Varys siégeait toujours à la même place depuis bien des décennies. Quel était donc son véritable but si ce n’était de prendre le pouvoir ? C’est précisément en cela que l’Araignée était parvenue à s’attirer l’admiration de Littlefinger. Selon lui, tout homme se devait de garder ses adversaires confus, s’ils ne savaient jamais avec certitude ce qu’il voulait ou ce qu’il était, alors il leur était impossible de prévoir ou de contrer ce que l’homme préparait.

Lorsque Lord Baelish évoqua avec une indifférence sincère la mort de Ned Stark, il put apercevoir un mince sourire se dessiner sur les lèvres de son interlocuteur. Il ignorait ce que Varys pensait de sa trahison, celui-ci ne s’était jamais donné la peine de donner son avis sur la question. Non pas que le sujet l’eut désintéressé, mais disons plutôt que le Maître des Chuchoteurs souhaitait très certainement conserver son côté énigmatique en ne révélant que le strict minimum de ses pensées. Un jour, Littlefinger finirait par découvrir ce qui se cachait à l’intérieur de ce crâne luisant et poudré, à moins qu’il ne se lasse de leurs petits jeux et ne finisse par trouver le moyen de l’étouffer dans sa propre toile. Mais pour l’heure, Lord Baelish avait tout autre chose en tête et espérait bien convaincre l’Araignée de faire cause commune avec lui. C’était chose rare mais pas impossible que de voir le Grand Argentier et le Maître des Chuchoteurs coopérer. Et généralement cela offrait toujours bon nombre de réjouissances dont on aimait se délecter. Littlefinger avait toujours trouvé beaucoup plus d’intérêt aux complots des conseillers qu’aux joutes des chevaliers.

« J’espère que de là où il est ce regretté Ned me remercie de lui avoir évité de supporter ces chaleurs étouffantes. Disant ces mots, Petyr Baelish s’autorisa une moue irrespectueusement rieuse. Je ne peux que rejoindre votre avis, suffoquer et laisser les autres en paix est une chose bien triste et ennuyeuse. Si par malheur je venais à périr avant vous, j’espère que vous prendriez bien soin de laisser l’arôme de mes restes incommoder le royaume. Quoiqu’il en soit ne vous en faites pas, l’hiver viendra bien assez tôt, inutile d’avoir ces honorables Stark à nos côtés pour nous le rappeler. Mais si vous brûlez véritablement d’envie que l’on vous remémore la devise de nos Nordiens favoris, allez donc à la rencontre de cette délicieuse Sansa. »

Lord Baelish détestait entendre des propos tels que « nous aurions tant besoin des Stark ». Même si les paroles de l’Araignée étaient à considérer avec beaucoup de recul et de second degré, il était des choses qui n’amusaient absolument pas Littlefinger. Cela faisait si longtemps qu’il entretenait une haine viscérale à l’égard des Stark qu’il lui était impossible de masquer convenablement le mépris qu’il érpouvait. Si on lui avait demandé son avis sur la question, il aurait eu bien du mal à faire semblant de déplorer la mort si brutale d’Eddard, peut-être aurait-il pu éluder le sujet en plaidant qu’il serait malvenu de juger les décisions royales. Lord Baelish n’était absolument pas croyant, mais pour une fois il aurait bien volontiers prié pour voir les Lannister remporter leur prochaine bataille sur le Jeune Loup. La guerre faisait partie de ces petites choses de la vie qui réjouissaient Littlefinger. Voir les pions de chaque camp avancer pas à pas avant de se lancer tête baissée dans la mêlée et de laisser le chaos régner en maître faisait jubiler Petyr Baelish. Mais plus que jamais l’issue de cet énième conflit pour le trône demeurait imprévisible. Entre Stannis et Renly qui paradaient encore pour déterminer lequel des deux iraient à la conquête du trône, il est était bien difficile de mettre un nom sur le prochain ennemi des lions. Et c’est bien ce qui rendait l’histoire plus intéressante encore.

« J’ignorais que vous croyez à ce genre de chimères et autres créatures légendaires, Lord Varys. Des morts qui reprennent vie ? Fichez donc leur tête sur des piques et ils ne reviendront pas vous inquiéter. Quant aux patrouilleurs qui ne reviennent pas, je ne suis guère surpris, comment voulez-vous survivre à un tel climat ? Vous ne devriez pas vous soucier autant du sort de notre honorable Garde de Nuit, je suis persuadé qu’elle trouvera bien le moyen de survivre comme elle l’a toujours fait. Un roi au-delà du mur ? Comme c’est charmant, et sur quoi règne donc ce pauvre homme, sur des cols enneigés et des tentes en peau de bêtes ? Je lui souhaite bien du courage. D’autre part, j’espère sincèrement que vos oisillons sauront faire face à l’hiver glacial qui nous attend au tournant. »

Et en parlant d’oisillons, Littlefinger avait un nom bien précis en tête. Jorah Mormont. Cet homme condamné à l’exil que Lors Varys avait décrit comme son espion auprès de Daenerys Targaryen. C’était de lui dont Petyr avait besoin pour avancer son prochain pion sur l’échiquier et seul le Maître des Chuchoteurs était actuellement en mesure de l’aider à entrer en contact avec le fils du Lord Commandant de la Garde de Nuit.
Voyant que l’Araignée s’apprêtait à filer vers la salle du Conseil Restreint, Littlefinger posa calmement mais sûrement sa main sur le bras de Varys. Puis, plongeant son regard dans celui de son interlocuteur, il réfléchit une dernière fois aux mots qu’il convenait d’employer.

« Je doute fort que les autres membres du Conseil nous aient devancés. Nous devons bien avoir un peu de temps devant nous. Quelques minutes suffiront à aborder une question qui me taraude… Seriez-vous prêt à faire de Jorah Mormont notre ami commun ? Il se trouve que je pourrais avoir besoin de ses services, mais je suppose que vous êtes déjà au fait de ce détail. »


   
   
Revenir en haut Aller en bas
Varys

Varys

Maison :
C'est une excellente question, très cher.
REPUTATION :
100
Age :
29

Petite toile, qui sera ma mouche? || PV P. Baelish _
MessageSujet: Re: Petite toile, qui sera ma mouche? || PV P. Baelish Petite toile, qui sera ma mouche? || PV P. Baelish Icon_minitimeMer 26 Mar - 15:17

Varys n'avait pas d'honneur. Il avait de l'humilité, de l'intelligence, quelques scrupules, des défauts et des qualités, mais guère d'honneur. C'était cela qui avait tué Stark, et c'était cela qui pouvait le mettre en danger. Il faisait les choses selon qui il était, cherchant sans cesse à prendre une revanche sur un passé qu'on lui avait imposé. Une certaine forme de respect pour lui-même, qui, parfois, pouvait être vue comme paradoxale au vu des nombreuses illusions qu'utilisait l'Araignée. Et pour se respecter lui-même, il agissait de manière à s'élever toujours plus haut. Il avait toujours eu une conception du pouvoir qui ne se mesurait pas aux titres et aux postes. Il savait que si, sur un coup de tête, Joffrey le renvoyait, il resterait l'homme le plus puissant en matière d'espionnage sur les terres de Westeros et plus encore. Quand bien même il aurait quitté son poste de Maître des Chuchoteurs. C'était sûrement en cela qu'il s'opposait aux conceptions féodales qui visaient à étendre son territoire avec des familles, des mariages, des terres et de l'argent. Varys, et sûrement Littlefinger également, avait prouvé qu'il était possible d'avoir énormément de pouvoir tout en étant seul, n'avoir un nom que banal, venir d'on ne savait où. Et si autant de critiques fusaient, c'était bien parce que les gens de la Cour avaient peur de cet homme venu de nulle part et capable désormais de tout. Il incarnait ainsi une autre conception du pouvoir, sûrement plus moderne. Et puisque tous les changements faisaient peur, on tentait d'éloigner Varys de son propre pouvoir. C'était là une bien belle erreur, car la seule manière d'affaiblir Varys était d'entrer intelligemment dans son jeu. Mais l'homme gras était bien trop fin, bien trop dissimulateur, bien trop au courant des faits et gestes de chacun que s'attaquer à lui avec une force inconsidérable revenait à frapper la mer avec un coup de poing et d'attendre à un ras-de-marée.

Varys n'était pas plus un hypocrite qu'un chef de famille aristocrate. Il usait de déguisement, non pas en mentant sur qui il était, mais en jouant sur les subtilités. Il pariait sur le manque de volonté de se compliquer la vie chez les gens. Il croyait en la facilité qu'ils cherchaient toujours, et de fait, faisait en sorte de jouer sur cette facilité. Il demandait l'effort, et puisqu'il provoquait à la fois la crainte et le respect, cet effort ne venait jamais. On se contentait de ce qu'on voyait. L'homme chauve et gras, aux robes fermées sur l'avant et aux babouches bruyantes du Donjon-Rouge. Le reste, on ne cherchait pas à le découvrir. Et c'était justement sur ce reste que l'Araignée s'amusait à travailler et à jouer. Il se servait de la crédulité des gens pour se renforcer. Il tirait alors son pouvoir de l'information. Plus il en possédait, plus il devenait fort. Ainsi, cela se résumait à un cercle vicieux dont tout le monde ignorait l'origine. La seule manifestation concrète restait son appellation en "Lord" qui ne faisait que montrer l'indifférence des gens sur l'origine même de qui il était. Vingt années au service de la Cour, il en avait vu passer des courtisans. Tous, sans aucune originalité au passage, s'étaient méfiés de lui. Tous l'avaient également critiqué. Cependant, il était toujours là. Et à l'inverse de Picelle, on le gardait non par parce qu'il se taisait suffisamment, mais parce qu'il se taisait bien trop et qu'on craignait la teneur de son silence. On savait qu'il entendait, et qu'il pensait. Ainsi, la menace découlait de suppositions. On lui prêtait des choses, des connaissances. On pensait qu'il savait telle ou telle chose alors qu'il en était tout à fait ignorant, tandis que ce qu'on croyait finement caché était à sa connaissance selon la plus simple des logiques. Aussi, cette absence de certitude faisait qu'il était là. On ne le remettait plus en question.

Au moins Stark avait eu l'honneur pour lui. Il avait relevé certaines valeurs tombées bien bas sous Robert. En très peu de temps, mais était tombé comme une mouche sous les manipulations grossières de Cersei. Varys savait notamment ce que pensait le grand Lannister de sa propre fille. Il avait déjà entendu parlé. Elle se croyait évidemment plus fine qu'elle ne l'était. Il arrivait ainsi que ses coups d'éclat fonctionnent. L'arrestation de Stark, la mise en haleine de toute la famille Stark. Un coup de poker, qui avait de quoi laisser perplexe Varys. Mais sa finesse s'arrêtait là. Car après elle, il y avait son dégénéré de fils, qui lui, pour le coup, n'avait aucune finesse. Plus de tête à Stark. Et surtout, plus d'intelligence dans le stratagème de Cersei. Dans sa grande intelligence, la Reine avait pensé après et non avant. Elle était Epiméthée tandis qu'on cherchait encore un vrai Prométhée.
Varys avait fait de son mieux pour faire sortir Stark vivant de cette affaire. Mais il restait une épine qu'il était nécessaire de laisser dans le pied pour certaines manœuvres que l'Araignée entendait réaliser. Sa mort n'était pas souhaitable, mais elle était arrivée. Varys avait été plus fin que bien d'autres. Il s'était tu et avait regardé. Il s'était fait oublié dans cette histoire, choisissant de plaider l'impossibilité d'action. Et personne ne pouvait alors le remettre en question. Car Varys, même si le miel qui entourait habituellement ses mots portait quelques fois à confusion, n'avait jamais prétendu être sur-puissant et capable de changer le monde. Mais même s'il ne l'était pas, il était capable de bien plus qu'il ne laissait dire. Mais cela, il était le seul à le savoir dans la mesure où toutes les actions qui le prouvaient n'était qu'à sa seule connaissance.
Aucunes preuves, juste des murmures...

« Sansa, cette gracieuse Sansa. Lui demander de nous rappeler la devise des Stark serait cruel. Cette belle Dame souffre suffisamment ainsi. Et puis, je l'entends psalmodier dans l'entier château qu'elle est la plus digne protectrice de notre Majesté Joffrey. Et personne n'oserait s'imaginer le contraire. »

Le petit sourire mielleux et sincère de Varys portait à confusion. Il ne perdait pas son calme. Ses mots semblaient enrober toutes les composantes de l'immense salle du Trône. Le Trône, les marches, les colonnes, les balcons, les fenêtres. Bien que parlant avec douceur, Varys donnait l'impression que sa voix imprégnait tout. Son regard ne laissant rien filtrer, il devenait complexe de faire un choix sur ce qu'il pensait.
La fille Stark ne l'intéressait guère. Elle était étroitement surveillée, et sans grands intérêts pour la Couronne. Arya, au contraire, était bien plus originale. Et Varys aimait les personnes originales. Il était persuadé qu'elle n'était pas morte. Et certains disaient même qu'il le savait pertinemment. Cette petite avait réussi à échapper aux regards des gardes, passer inaperçu dans la foule et disparaître totalement. Cela ne faisait qu'à la fois affaiblir Sansa et renforcer les Stark. Il y en avait encore un qui n'était ni mort, ni otage, ni en guerre, ce qui semblait être le cas de tous les autres. En cela, elle était plus utile que Sansa dans cette guerre qui s'annonçait. Elle montrait que ces gens du Nord n'étaient pas finis, qu'ils étaient eux aussi des araignées difficile à écraser.

Concernant ce qu'on disait au-delà du Mur, Varys était sceptique. Il fit un sourire plus large que d'habitude lorsque Littlefinger utilisa une pointe d'humour. Oh, il aimait bien rire l'Araignée. Il riait, surtout quand on se moquait de lui. Il riait parce qu'il les voyait là, incrédules. Ils n'avaient pas encore compris qui il était, ce pauvre Maître des Chuchoteurs.
Ce qu'on racontait n'était ni faux ni vrai, c'était. Qu'on y croit ou non n'était pas le fin fond de la question. Il y avait des gens qui le disaient. Des gens qui s'étaient tus, par on ne savait quelle raison, et qui désormais parlait. C'était certain que les choses étaient déformées, Varys lui-même s'en servant toujours. C'était certain que des nuances n'étaient pas toujours comprises par tout le monde. Mais ce n'était pas le propos. Il se trouvait que certains y croyaient. Ils y croyaient, notamment parce qu'ils n'avaient ni l'envie, ni l'énergie, ni le temps de croire à autre chose. Les dragons étaient terminés, la valeur sûre de la Garde de Nuit également, la gloire Royale aussi. Non, il y avait ceux qu'on craignait au-delà du mur. Un symptôme concret de ce qu'il se passait devant le mur, plus au Sud.

« Il est de précepte que l'on tient pour vérité ce que l'on veut tenir pour vérité ou ce qu'on craint être vérité. Grands Dieux, où nous placer suite à cela? Certains croient encore que des Dragons peuvent venir nous attaquer, pourquoi ne pas croire en ce qui se passe derrière le Mur? Nous avons peur de Daenerys Targarien, que personne n'ici n'a vu en personne, qui ne pourrait être qu'un songe illusoire. Mais ce que certains disent avoir vu, et qui sont venus devant nous pour le dire, nous le tenons pour fable. Oh, il y a bien des leçons dans nos fables... Mais il arrive parfois, hélas, que ces leçons et la réalité finissent par se confondre... »

Autrement dit, Varys préconisait la précaution. Ce qu'il faisait, de son côté, ne regardait que lui. Une fois de plus, peut-être avait-il déjà rencontré Daenery, savait-il déjà où se trouvait Arya, et connaissait avec exactitude les faits prouvés qui avaient lieu derrière le Mur. Mais il ne disait rien. Aussi, on ne savait rien de ce qu'il savait. Tout n'était qu'un écran de fumée, servant à éloigner quelques curieux le temps de mieux les voir se retourner et leur planter une dague parfumée dans le dos.

Lorsque la main de Baelish toucha le bras enroulé de soie de Varys, ce dernier tourna la tête. Son regard fermé se posa sur celui qui lui parlait. Les choses devenaient enfin plus sérieuses. Varys écouta ce que disait le Grand Argentier.
Ce bras posé représentait une entrée dans le monde intime de l'Araignée. D'autant plus que Littlefinger parla de Mormont, un des espions les plus importants du Maître des Chuchoteurs. Varys, en ces cas précis, redoublait de vigileance sans laisser transparaître une once d'inquiétude.
Une fois que son interlocuteur eut terminé, il posa sa main boudinée et poudrée sur celle de Littlefinger.

« Très cher, comprenez-le bien. Je n'oserais jamais parler au nom de mes amis. Seuls les Dieux savent ce que mon ami Mormont souhaite. Il ne m'appartient pas de lui imposer des amitiés qu'il ne désirerait pas. Mais vous me savez entièrement dévoué à la noble cause de notre glorieuse Couronne. Et je vous sais aussi tout entier tourné vers les intérêts de sa Majesté. Je peux ainsi vous être utile en une quelconque façon? La voix doucereuse et suave de Varys était devenue presque murmure. Je me leurre peut-être, mais cela a-t-il un quelconque rapport avec votre nouveau petit protégé qui porte l'adorable patronyme d'Aeron? Convenez d'ailleurs, mon ami, Varys s'était approché du visage de Littlefinger lui murmurant mielleusement ses mots, qu'il y a bien des endroits plus coquets pour entretenir des relations amicales qu'une vulgaire auberge des bas quartiers. Je vous pensez plus fin de bouche. »
Revenir en haut Aller en bas
Petyr Baelish

Petyr Baelish

Maison :
Baelish
REPUTATION :
221

Petite toile, qui sera ma mouche? || PV P. Baelish _
MessageSujet: Re: Petite toile, qui sera ma mouche? || PV P. Baelish Petite toile, qui sera ma mouche? || PV P. Baelish Icon_minitimeVen 11 Avr - 17:04


   

   
Chaos isn’t a pit. Chaos is a ladder. Many who try to climb it fail and never get to try again. The fall breaks them. And some are given a chance to climb, but they refuse. They cling to the realm, or the gods, or love. Illusions. Only the ladder is real. The climb is all there is

   
« Généralement, les gens qui savent peu parlent beaucoup, et les gens qui savent beaucoup parlent peu. »  Littlefinger avait bien vite pris conscience de l’importance de cet adage. L’Araignée parlait peu et quand elle le faisait c’était constamment à demi-mots, s’évertuant à laisser planer une once de mystère, elle ne révélait que ce qu’elle était bien encline à dévoiler. Mais il en fallait plus pour offusquer le Grand Argentier. Que l’on décide de le mettre dans la confidence ou non l’importait peu, puisqu’il avait cet incroyable don de toujours parvenir à s’inviter dans la partie qui se jouait. Et dans le jeu du trône auquel tous les seigneurs des Sept Couronnes rêvaient de se livrer, Petyr Baelish occupait une place relativement satisfaisante. Pour l’instant du moins. Car le Lord de basse extraction n’était pas dénué d’ambition, sa soif de pouvoir n’était un secret pour personne à Port-Réal, mais nul ne pouvait véritablement estimer l’ampleur de son avidité. Pas même le Maître des Chuchoteurs, qui avait la prétention de croire tout savoir au sujet de ses pairs du Conseil Restreint. Littlefinger n’était pas qu’un simple gestionnaire opportuniste qui se plaisait à comploter par-ci par-là pour se donner une quelconque importance. Petyr savait que l’analyse de Lord Varys allait bien plus loin que celle des autres nobles l’entourant, mais il n’était pas persuadé que l’Araignée le craigne vraiment. D’après ce que celui-ci voulait bien raconter de son passé nébuleux, il aurait vu bien des choses inexplicables et surnaturelles de l’autre côté du détroit. Alors dans ce cas comment se méfier d’un simple argentier, quelque peu calculateur à ses heures perdues ? Littlefinger s’escrimait à jouer la carte de la comédie en permanence, il tâchait de ne pas faire d’ombre à l’Araignée, moins il se montrerait dangereux, mieux il pourrait servir ses intérêts dans la discrétion la plus totale. Oh bien sûr, il serait idiot de croire que le Maître des Chuchoteurs finirait par se lasser de lui et cesserait de le faire surveiller, il y avait bien trop de conflits d’intérêt entre eux pour que Varys ne garde pas un œil sur Lord Baelish.

Et voilà que le sujet des Stark revenait dans la conversation. Petyr était las d’entendre les gens discourir sur l’évènement tragique dont Ned avait été l’élément central. Comme si Eddard et son honneur démesuré méritaient autant de compassion ! Triste histoire que de se retrouver constamment dans l’ombre de ces rivaux que l’on a méprisé durant tant d’années. Même une fois mort, Ned dérobait les louanges destinés à Littlefinger. Son rôle dans l’arrestation du plus grand traître de Port-Réal avait été si aisément occulté, que Petyr avait encore l’impression de sentir l’amertume lui dévorer les entrailles. Certes il était préférable que ses manigances n’arrivent pas auprès de toutes les oreilles du Royaume, mais quelques terres en guise de reconnaissance de sa Majesté Cersei n’auraient pas été de refus. Enfin passons, ce genre de futilités ne représentaient que de faibles lot de consolations, rien de comparable à ce qu’il projetait d’obtenir en déplaçant ses prochains pions.

« En effet, notre ravissante Sansa n’a de cesse de vanter les mérites du roi Joffrey. Mais ne sommes-nous pas tous un peu menteurs ici, mon cher Lord Varys ? Loin de moi l’idée de mettre ses paroles en doute, mais entre un père aimant et un futur époux de la trempe de notre Majesté, je me demande qui serait le plus à même de remporter son affection. Et puis, que savez-vous des souffrances d’une jeune fille, est-ce votre absence de virilité qui vous rend aussi sensible aux maux de notre belle Dame ou bien sont-ce simplement vos oisillons qui vous renseignent à ce sujet-là ? »

Littlefinger se montrait aussi direct que Varys demeurait mystérieux. Les deux Lord avançaient masqués, dissimulant sans cesse leurs véritables émotions, mais le Grand Argentier était toujours plus incisif, plus taciturne que le Maître des Chuchoteurs et ses éternels sourires mielleux qui finissaient par vous donner la nausée. Petyr Baelish n’était pas un homme de confiance, cependant il cultivait tout de même une certaine once de franchise, notamment lorsque le sujet de conversation ne le laissait pas indifférent. Si l’Araignée paraissait accorder plus d’attention à Arya Stark, c’était bien sa sœur aînée qui suscitait le plus d’intérêt chez Littlefinger. La gracieuse Sansa, ce portrait craché de Catelyn Tully.  Que ne donnerait-il pas pour la faire entrer dans son jeu ? Trahir Ned n’était certainement pas le meilleur moyen pour démarrer une alliance avec sa fille, mais Petyr possédait toujours le moyen d’arriver à ses fins.

« Dois-je en conclure que vous ne croyez pas au retour des dragons, très cher ? Pour ma part, je rêverais de voir leur Mère revenir dans les Sept Couronnes. Si elle est aussi charmante que votre espion le prétend, alors je n’aurais plus d’autre désir que de la voir charmer mes clients. Littlefinger s’autorisa un rictus moqueur, ce genre de plaisanteries peu élégantes lui était coutumier. Vous m’avez l’air bien convaincu par ces fables. Je suis bien étonné que vous teniez pour vrai les dires de ces anciens criminels qui constituent l’essentiel de la Garde de Nuit. Je vous pensais moins crédule. »

Petyr savait pertinemment que « crédule » n’était pas un adjectif qui pouvait s’appliquer à Lord Varys, mais rien ne lui faisait plus plaisir que de titiller son adversaire. Peu désireux de le laisser trainer ses soieries vers la salle du Conseil, Littlefinger le retint d’un geste et tâcha d’attiser sa curiosité du mieux qu’il put. Voyant l’Araignée reposer sa patte velue sur sa main, le Grand Argentier se dit que le tour était joué. Maintenant qu’il semblait posséder toute son attention, les négociations allaient enfin pouvoir commencer. Mais que désirerait Lord Varys en échange de ses « connaissances » ? Baelish n’en avait pas la moindre idée mais il avait compris qu’il faudrait s’attendre à tout.

« Rassurez-vous, je n’escompte pas vous forcer à lui imposer quoi que ce soit. J’aimerais simplement que vous l’aidez à faire ma connaissance. Tout cela dans l’intérêt de la Couronne comme vous l’avez si justement deviné. Littlefinger demeura parfaitement impassible lorsque son interlocuteur poursuivit sur un murmure à peine audible. Allons, mon ami, vous savez mieux que quiconque à quel point je suis mauvais protecteur, je crois que Ned Stark vous l’a bien démontré. Il serait insensé de croire que j’ai un protégé, je préfère plutôt parler d’acquisition. Voilà un terme plus général, et qui prêterait moins à confusion si sa Majesté venait à entendre des bribes de notre conversation. Pour ce qui est de l’auberge des bas quartiers, disons simplement que contrairement à beaucoup d’autres nobles, je n’oublie pas mes modestes origines, je tente de me satisfaire de ce que l’on m’offre. Mais dites-moi, Lord Varys, que pourrais-je bien vous offrir à vous lorsque vous m’aurez rendu ce petit service ? »
   
   
Revenir en haut Aller en bas


Contenu sponsorisé


Petite toile, qui sera ma mouche? || PV P. Baelish _
MessageSujet: Re: Petite toile, qui sera ma mouche? || PV P. Baelish Petite toile, qui sera ma mouche? || PV P. Baelish Icon_minitime

Revenir en haut Aller en bas

Petite toile, qui sera ma mouche? || PV P. Baelish

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Revenir en haut
Page 1 sur 1

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Hunter's Season :: Westeros :: LES TERRES DE LA COURONNE :: PORT-REAL :: Le Donjon rouge-
Sauter vers: